samedi 4 décembre 2010

Psychologiquement parlant

La décompensation psychique

En fait, il s'agit d'un terme tiré du vocabulaire de la médecine organique : dans certaines maladies, des troubles, comme par exemple une insuffisance cardiaque peuvent être pendant un certain temps « compensés » : c'est à dire qu'ils existent potentiellement, mais que leurs conséquences néfastes n'apparaissent pas du fait de défenses, de ressources qui les équilibrent.
Quand cet équilibre est rompu, le trouble va se manifester, il ne sera plus "compensé" par autre chose, la maladie sera dite "décompensée".

Par analogie, les troubles psychiques de tous ordres (dépression, psychose, etc.) peuvent être dits également compensés.
Si la personne bascule dans un effondrement de ce qui lui permettait de compenser (refoulement, soutien social, etc.) alors l'apparition d'un symptôme spectaculaire (passage à l'acte, aggravation brutale ...) sera appelée décompensation, toujours par analogie avec la médecine organique.


La décompensation névrotique

Dans le domaine psychique, la décompensation est une crise qui marque l'effondrement des mécanismes de défense névrotiques habituels d'un sujet confronté à une situation affective nouvelle et insupportable. La déficience psychique originelle du sujet se manifeste alors d'une façon aiguë. La fragilité du moi, les effets des carences affectives et, même, les tendances psychotiques se réactivent.


Sur le plan clinique la décompensation peut prendre le visage d'une phobie, d'un épisode confusionnel, d'une bouffée délirante, ou bien d'une somatisation. Cette symptomatologie est la plupart du temps transitoire. Cependant une décompensation névrotique peut révéler une pathologie sous-jacente plus grave et représenter un mode d'entrée dans la psychose ou toute autre psychopathie chronique.

La décompensation psychotique

Le patient psychotique ne peut plus compenser (pallier) par ses fonctions non atteintes (cognition) son délire et les effets de celui-ci. C’est donc une sorte de barrière qui s’ouvre à ce moment et qui laisse libre cours aux idées incohérentes du patient et à son délire.

Le syndrome de Jérusalem, cette bouffée délirante mystique a été décrite pour la première fois par le Dr Yaïr Carlos Bar-El, qui dirige les services de santé mental à l'hôpital psychiatrique de Kfar Shaoul, dans la revue The British Journal of Psychiatry.
Rien ne les distingue des autres touristes, mais, soudain, frappés par une forme violente d'anxiété, ils sont obsédés par le désir de se purifier, se drapent dans la literie de leur hôtel et s'en vont délivrer des sermons devant le mont des Oliviers ou le mur des Lamentations.
Après cinq à sept jours d'agitation, les malades, à condition qu'ils soient évacués de Jérusalem, récupèrent totalement. Chaque année, une quarantaine sont hospitalisés. Le 1er janvier 2000, ce fut l'apothéose, si le Messie ne s'est pas manifesté, en revanche une demi-douzaine de "faux messies", victimes du syndrome ont répondu à l'appel...

A l'origine de cette décompensation, un facteur déstabilisant essentiel, les décalages horaires, une autre élément perturbateur, la perte des repères culturels avec notamment la langue étrangère.
« L'être humain est par essence en quête perpétuelle de moments intensives à vivre, explique le Dr Samuel Lepastier, psychiatre, notre psychisme n'apprécie guère la continuité de l'existence, c'est-à-dire le monotone, mais nous ne sommes pas tous égaux pour affronter les ruptures avec notre environnement... »