Comment peut-on basculer du jour au lendemain et sombrer dans la folie ?
C'est la première question que nous nous sommes posés et qui nous a amené à créer cette pièce.
Ici, nous ne parlons pas de psychologie, nous ne décrivons pas une pathologie, ou une expérience. Nous montrons simplement le déroulement d'une journée - la dernière avant la rupture - le moment charnière, où un homme, H, va basculer dans la folie. Ce moment précis qui est appelé décompensation.
Notre point de départ, c'est le jeu entre réalité et fiction. La folie étant un thème théâtralement riche et pouvant donner lieu à une multitude de proposition, c'est avec le texte mais aussi la vidéo et la musique que nous avons voulu retranscrire les sensations d'un homme psychotique.
Est ce que H rêve? Est ce qu'il hallucine? Est ce que tous ces personnages sont réels?
Sans abuser d'artifices de mise en scène (tels que les noirs) pour différencier le vrai du faux, nous donnons de l'importance au jeu d'acteur. C'est lui qui va aiguiller le spectateur.
Mais c'est aussi le texte, qui de manière indirecte et subtile, révèle progressivement l'état psychologique de H, et qui rend compte des relations qu'il entretient avec son entourage.
De la même manière, lorsque nous avons proposé à Bertrand Betsch d'écrire une chanson pour le spectacle, c'était avant tout pour révéler les sensations de H. C'est pourquoi, nous lui avons aussi demandé de venir l'interpréter pour la représentation. Son personnage est simple : un musicien interprétant une chanson lors d'un concert dans un bar qui au premier abord, est son propre rôle...
Quand à la vidéo, elle est projetée comme au cinéma, pourtant ce qui s'y passe est là aussi pour servir le personnage principal et plus particulièrement, ce qui se passe dans sa tête.
C'est donc grâce à ces outils que nous apportons les différentes facettes de ces personnages.
Tout comme un choeur, ils font résonner les sentiments profonds du personnage central et donnent au spectateur une lecture supplémentaire sur son état.